SPAGYRIE & REMÈDES SPAGYRIQUES
RENCONTRE ENTRE ALCHIMIE ET PHYTOTHÉRAPIE
« L’eau est la mémoire de la plante »
Paracelse
SOMMAIRE
- Une discipline issue de l’alchimie
- Des origines dans l’antiquité
- Les 3 principes
- Les 4 éléments
- Reproduire l’art de la nature
- Les manipulations spagyriques
QU'EST CE QUE LA SPAGYRIE ?
UNE DISCIPLINE ISSUE DE L'ALCHIMIE
Spagyrie est en fait un vocable d’origine grecque issu des verbes spao (séparer) et ageiro (réunir).
La spagyrie est une discipline directement issue de l’alchimie, science millénaire assimilée par tout un chacun à une magie opérative de bas étage.
Alchimie et spagyrie sont en fait mal connues du grand public, pour lequel l’alchimiste n’a pour but que la fabrication de l’élixir de longue vie, et surtout de la pierre philosophale capable de transmuter le plomb en or.
Bien au-delà de l’image d’Epinal évoquant le « faiseur d’or » toujours occupé à compulser de vieux grimoires et à mélanger inlassablement des mixtures noires et malodorantes, Alchimie et Spagyrie sont des disciplines véritablement scientifiques, et qui de surcroît sont peut-être les seules à intégrer la spiritualité dans la recherche expérimentale.
DES ORIGINES DANS L'ANTIQUITÉ
Paracelse, médecin et alchimiste zurichois disparu en 1541 et à qui on attribue, sans doute à tort, la formule « la dose fait le poison », s’il n’a pas inventé la spagyrie en a au moins forgé le nom.
Paracelse est aussi connu pour avoir été un trublion alccolique – nul n’est parfait – mais aussi pour avoir offert à l’Humanité quelques belles découvertes médicales.
Spagyrie est en fait un vocable d’origine grecque issu des verbes spao (séparer) et ageiro (réunir).
Très peu connues du grand publique, il semblerait que spagyrie et alchimie soient nées à l’époque de l’Egypte ancienne. En tout cas on en trouve de nombreuses traces, écrites, sculptées ou peintes.

LES BASES DE LA SPAGYRIE : 3 PRINCIPES, 4 ÉLÉMENTS
Alchimie et Spagyrie sont souvent représentées par le symbole de la pyramide, qui réunit en une seule figure le chiffre trois, représentation divine correspondant à la face triangulaire, et le chiffre quatre, la base en forme de carré représentation de l’incarnation humaine.
D’après les principes alchimiques et spagyriques, tout ce qui existe dans l’Univers est composé de trois principes réunis entre eux par l’action des quatres éléments, il en est ainsi des minéraux, des plantes, des animaux, des hommes.
LES 3 PRINCIPES
- Le SEL, principe de fixité, qui est représenté par la partie minérale de la plante, sels minéraux et oligo-éléments.
- Le SOUFRE, principe odoriférant et subtil que l’on peut grosso modo faire correspondre aux huiles essentielles.
- Le MERCURE, principe de volatilité, qui peut facilement s’évaporer sous l’action de la chaleur.
Michel Sendivogius, alchimiste bien connu des XVIIème / XVIIIème siècles, nous décrit ainsi ces principes universels :
« Le mercure est une liqueur spirituelle, aérée, rare, engrossée d’un peu de soufre, et l’instrumentale la plus proche de la chaleur naturelle.
Le soufre est un principe gras et huileux qui lie les deux autres principes entièrement différents.
Le sel est la substance des choses et un principe fixe comparable à l’élément de la terre. Il nourrit le soufre et le mercure qui agissent sur lui. »
Paracelse nous donne sa propre définition des trois principes :
« Ce qui brûle est le soufre, ce qui s’élève en fumée est mercure, ce qui se résoud en cendre est le sel. »
LES 4 ÉLÉMENTS
Quant aux éléments, ils sont au nombre de quatre :
- la terre, élément tangible
l’eau, élément fluide
l’air, élément gazeux
- le feu, élément intangible.
La quintessence, obtenue après la réunion – ou cohobation – des trois principes préalablement séparés et purifiés, est souvent considérée par les spagyristes comme un cinquième élément, sublime ou plutôt sublimé, spirituel.

LES REMÈDES SPAGYRIQUES
" REPRODUIRE L'ART DE LA NATURE "
Pour Paracelse, l’art spagyrique consiste « à tirer le nombre ternaire de l’unité et à ramener le ternaire à l’unité. »
Dans la nature, les substances minérales, végétales et animales subissent une lente évolution qui les mène théoriquement et avec une infinie lenteur à la perfection de la quintescence, la « substantitique moelle » dont parlait François Rabelais.
L’alchimiste ou le spagyriste se sont donné pour mission de reproduire le travail de la nature, mais de manière accélérée pour parvenir dans l’espace d’une vie humaine à la perfection.
Dans la pratique spagyrique, les plantes sont soumises à l’action des quatre éléments, AIR et distillation, EAU et macération ou dissolution, FEU et calcination ou distillation, TERRE et digestion ou fermentation.
LES MANIPULATIONS SPAGYRIQUES
Les principales manipulations spagyriques, au nombre de sept, permettent de séparer les trois principes composant la matière première végétale, et pour parvenir au terme de cette séparation, la patience est de rigueur, comme nous l’enseigne la table d’émeraude.
Ce document, attribué à Hermès Trismégiste (le trois fois grand) d’où nous vient le mot « hermétique », est un des plus anciens et laconiques des traités alchimiques :
« Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais, doucement, avec grande industrie. »
Ces manipulations seront toutes longuement et inlassablement répétées, les quatre premières correspondant à l’étape de séparation (solve ou spao) :
la dissolution (ou décomposition), sera suivie pour plus d’efficacité par la filtration et la décantation
la fermentation (ou putréfaction)
la distillation, complétée par la rectification et la circulation ou rotation
- la calcination (ou cémentation, sublimation, exaltation).
Les trois dernières correspondent à l’étape de réunion (coagula ou ageiro) :
la cohobation ou réunion proprement dite
la digestion qui parfait la réunion
- la coagulation ou fixation.
La première étape de séparation permet d’isoler et de parfaire les trois principes :
- le soufre, qui correspond aux huiles aromatiques volatiles et non volatiles est obtenu par distillation
le mercure, qui correspond aux alcools et autres esters est obtenu par fermentation,
- le sel, composé des minéraux solubles et insolubles est obtenu par calcination à haute température.
La deuxième étape de réunion permet de recomposer et de recréer, sous une forme parfaite marquée par la quintessence, la matière première végétale (ou minérale selon les cas).
Au terme de ces longues et subtiles préparations qui d’une certaine façon font mourir la plante et ses actifs mais pour mieux les faire renaître, les trois principes de base sont séparés (à noter que leur désignation en SEL, SOUFRE et MERCURE est traditionnelle et ne doit en aucun cas évoquer les principes chimiques de même nom).
Le SEL, principe de fixité, qui est représenté par la partie minérale de la plante, sels minéraux et oligo-éléments.
Le SOUFRE, principe odoriférant et subtil que l’on peut grosso modo faire correspondre aux huiles essentielles.
Le MERCURE, principe de volatilité, qui peut facilement s’évaporer sous l’action de la chaleur.
Une fois séparés, ces trois éléments fondamentaux de la plante se retrouvent purifiés et seront réunis à nouveau pour créer une substance végétale nouvelle, sublimée par les préparations spagyriques et qui aura à la fois gagné en efficacité et perdu en toxicité.
La réunion de ces trois éléments purifiés, transcendés, ou cohobation, ne se produit qu’après une longue suite de nouvelles manipulations au terme desquels la plante libère enfin sa « quintessence » à l’efficacité thérapeutique maximale.
Ce principe d’une séparation associée à une purification suivies d’une réunification justifie l’étymologie grecque du mot spagyrie : séparer et réunir.
Le travail du spagyriste, pour être fructueux, doit tenir compte des règles immuables de la nature et du cosmos, et toutes les étapes aboutissant à la fabrication de l’élixir spagyrique se feront en harmonie avec les conjonctions astrales et les influences astrologiques. Même la cueillette des plantes devra répondre à ces obligations cosmogoniques.
